13 janvier 2018

Bientôt, vous ne verrez peut-être plus cet article sur Facebook

Bientôt, vous ne verrez peut-être plus cet article sur Facebook

Voilà, c'est fait.... Facebook a fait l'annonce d'une refonte majeure de son algorithme. Les publications de vos proches seront désormais priorisées dans votre fil d'actualité au détriment de celles des pages, des personnalités publiques et des médias auxquels vous êtes abonnés. Encore une fois, le géant des réseaux sociaux pourrait chambouler nos vies numériques.

« Nous effectuons un changement majeur dans la façon dont Facebook est construit. À ma demande, nos équipes changeront d'objectif. Plutôt que de se concentrer à vous aider à trouver du contenu qui vous plaît, elles chercheront à vous aider à avoir des interactions sociales plus significatives ». C'est ce qu'a annoncé jeudi dernier le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, sur sa page.

La nouvelle avait déjà été annoncée en juin 2016. Mais le langage utilisé ici montre que les changements liés à cette nouvelle refonte de l'algorithme seront importants.

Dans son message, M. Zuckerberg reconnaît que les gens passeront probablement moins de temps sur Facebook. Qui dit moins de temps sur Facebook dit moins de revenus pour l'entreprise. C'est une déclaration qui a le potentiel de faire peur aux annonceurs. D'ailleurs, l'action de Facebook a chuté dès l'ouverture des marchés vendredi matin.

En d'autres mots, que Mark Zuckerberg prenne soin d'inclure cet avertissement dans son message, c'est signe que la refonte est considérable.

Les conséquences pour les petites entreprise
Beaucoup de petites entreprises compte sur leurs publications Facebook pour faire «mousser» leurs campagnes de promotions et attirer des utilisateurs vers leur page Facebook ou directement sur leur site Web soi en complément à des publicités Facebook ou tout simplement comme plan de communication gratuit.

Cette option gratuite semble être au bout de son rouleau étant donné que Facebook reliera moins (ou pas dutout) les publications qui proviennent de pages d'entreprises.

Serait-ce une façon de «forcer» la vente de publicité par le géant des médias sociaux ?

Les conséquences pour les médias
L'annonce n'a pas tardé à faire bondir les médias d'information. Au cours de la dernière décennie, les grandes salles de nouvelles ont dû adapter leur modèle d'affaires avec l'arrivée de Facebook. Le réseau social a fondamentalement changé la façon dont les informations circulaient, transportant l'auditoire d'un modèle de consommation à un modèle participatif. Les médias ont tout fait pour tenter de tirer leur épingle du jeu en adoptant les Instant Articles, en misant sur la vidéo ou les diffusions Facebook Live.

Au bout du compte, Facebook laisse tomber cette façon de véhiculer la nouvelle. Il faut dire que M. Zuckerberg a probablement senti beaucoup de pression depuis l'élection américaine de 2016. Le réseau social a connu une année difficile, notamment en raison de l'industrie des fausses nouvelles, de la désinformation qui s'est bâtie autour de l'élection, de l'achat de publicités électorales américaines sur Facebook par des Russes et du climat parfois hostile qui y règne. Il s'est même retrouvé devant le Congrès américain dans le cadre de l'enquête sur l'ingérence russe dans le processus électoral.

Pour l'instant, nous ne savons pas comment cette annonce influencera la portée des médias sur Facebook. Déjà, Google a dépassé Facebook en matière de référencement de clics vers les sites d'information en 2017. Il est très probable que cette tendance se poursuive. Twitter, qui est aux prises avec des problèmes financiers, mais qui est tout de même perçu comme le réseau social à adopter pour rester informé, doit se frotter les mains.

À l'heure actuelle, beaucoup d'internautes s'informent sur Facebook. Changeront-ils d'habitude? Se tourneront-ils vers Twitter? Consommeront-ils des nouvelles de façon plus traditionnelle, en visitant les sites d'information? Nous verrons.

Et les fausses nouvelles?

Reste à voir aussi si cette mesure aura une incidence réelle sur le fléau des fausses nouvelles. J'en doute. Les mèmes, les photos trompeuses, les publications bourrées de mensonges - souvent relayées par de vraies personnes et non par des pages - ne seront pas touchés. Par contre, la mesure risque de porter un coup fatal aux pages de fausses nouvelles qui créaient des canulars dans le but de faire grimper leur nombre d'abonnés et de susciter des réactions, tout comme aux pages de pièges à clics. Mais tout n'est pas positif.

Un des problèmes du modèle de distribution des nouvelles imposé par Facebook est que les amis et la famille remplacent en quelque sorte la salle de nouvelles. Ce sont eux qui décident ce qui est important en créant de l'engagement. Ils dictent aussi en quelque sorte le procédé journalistique en amont, en influençant ce que les médias publient sur la plateforme.

Les articles de médias d'information ne disparaîtront pas de Facebook. Mais ce sont davantage ceux qui ont été relayés par vos amis qui circuleront, et moins ceux que des journalistes auront sélectionnés pour leur pertinence. Ça a de bons côtés, mais pas exclusivement.


Source : SRC
Crédit photo : Photo : dpa via AP/Kay Nietfeld
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